Culture
Diadèmes : de jeunes écritures osées
Sans retour
C’est une lecture qui vous laisse perturbé. Du début à la fin et en crescendo, l’héroïne maintient une froideur répulsive. Fruit d’un viol collectif pendant une période de guerre, elle est dépourvue de tout sentiment ; remplacé par des souvenirs barbares et incohérents du drame vécu. Des souvenirs qui en permanence, la possèdent. Le pire dans l’histoire : elle s’oppose à tout traitement et devient répulsive réfractaire à toute vertu. Un danger est né par la société et dans la société.
« …Une idée, soudain, me vint. Si j’empoisonnais la source de la maternité, elles mourraient toutes. Leurs bébés également. J’étais coupable, mais elles n’avaient pas le droit… »
Cette imagination est celle d’Océane Maria ADJOVI, la vingtaine, un visage rieur, un sourire charmeur et des yeux pétillants. Un contraste avec la nouvelle dont elle est l’auteure mais qui augure déjà d’une plume destinée au cinéma.
Chérif
C’est un bonheur chétif, le chérif d’Oriane Alexia Houéfa Todan. La première dauphine de Miss Littérature, âgée seulement de seize ans, a sûrement compris que la vie n’est pas qu’une ligne droite. Une mère et sa fille, complices de leur vie décadente et plus que jamais soudées l’une à l’autre, dans l’ignorance, partagent le même homme, le même amour. Chérif. L’histoire d’ailleurs prend fin sur cette scène-découverte de la réalité et révèle plusieurs facettes de la vie. Au-delà de la tristesse qu’elle peut imprimer dans le regard du lecteur, c’est une forteresse de bonnes moralités que la jeune auteure a mis à disposition.
« …Quand il voulut la dépuceler, elle se mit à pleurer, mais il la baratina jusqu’à ce qu’elle finit par se laisser aller. Baratiner, c’est un euphémisme, puisqu’à ce moment-là, il lui semblait différent. Son visage reflétait une expression qu’arborent les hommes qui ont l’habitude d’obtenir ce qu’ils veulent, de gré ou de force… »
…
Le comité Miss Littérature que dirige Carmen Toudonou, une figure et une plume de la littérature béninoise, a présenté le samedi 08 Juillet 2017 son premier enfant en termes de livres. Diadèmes. Telles des couronnes qui scintillent sur les têtes des dix finalistes de l’édition 2016, ces dix nouvelles rassemblées dans un recueil laissent glacial le lecteur à la page 132… Alors qu’à la 28, je pensais avoir affaire à une auteure, Océane Marie Adjovi, plus en hauteur que ses vingt printemps ; Reine-Marie Donouvossi avec son ‘Pedro Vox’ me promettait davantage d’imagination et de créativité. On y découvre à terme une jeune sœur plus ambitieuse, plus écervelée que son frère, vendeur de tout, même d’être humain et disciple inconditionnel de la richesse mal acquise. J’en fus servie à la fin de la lecture de la nouvelle « Ma mère, ma rivale » de Floricia Kouton. Au fil des pages, les yeux du lecteur portent l’espoir d’un aboutissement heureux pour cette enfant à la recherche de l’amour maternel d’une femme qui emporta son secret et ses acrimonies avec elle dans la tombe. Une douleur de plus pour l’héroïne qui dans le vœu de conquérir l’affection de sa génitrice, s’est exposée aux vices bestiaux d’hommes de peu de foi.
Justement, dans ce recueil qui immortalise le souvenir des temps que les dix miss de 2016 ont vécu ensemble, les jeunes plumes qui dans leurs écrits, n’en ont pas l’air, à chaque fois pour la plupart, ont fait jouer le mauvais rôle au sexe masculin. Pendant ce temps, seules Gloria Dègbogbahoun avec ‘De terre et d’eau’ et Lucrèce Kinhoun dans ‘Une rencontre peu ordinaire’ changent d’angle et tournent le dos à cette sorte de conspiration contre les hommes. Dans son texte, la première non seulement édifie sur les conséquences désastreuses de mauvais choix opérés en face du désespoir mais aussi, revient sur ces réalités africaines qui font des sirènes de l’eau de dangereuses prédatrices. La deuxième réunit deux êtres abandonnés par le monde et porteurs de différentes maladies. A travers son œuvre, Lucrèce porte encore en elle l’espérance de l’existence de l’humanité, de la bonne issue de vies qui commencent dans le fracas et le désarroi. Ce qui différencie le déroulement et la fin de son histoire de celles de ses consœurs.
Emma, dans ‘Confessions’ de Murielle Hounwèdo, seulement dix-sept piges, a fini par se suicider pour échapper aux désirs incestueux de son frère.
Anissath Akadiri en écrivant ‘Enfer Passionnant’, imagine presque la même trame qu’Oriane Alexia Houéfa Todan sauf que sa version relève de l’inceste car la fille et le père sont amoureux l’un de l’autre sans savoir de quelle moule ils proviennent. Lorsque finalement, cela se sait, la folie habitera à jamais une mère qui a souffert du rejet et de la trahison de son ancien homme de cœur.
Le cœur a aussi souffert dans ‘Revers de médaille’ de Charlène Odounlami, la miss littérature première édition. Mais ici, l’homme, la quarantaine près en a eu pour son compte, lui qui vraisemblablement, jouait double jeu avec son épouse et son étudiante de dix-neuf ans.
Sylvie Gougbé avec sa nouvelle ‘sens interdit’ ne parlera pas de cœur brisé par l’amour au sens restreint du terme mais de destin enchevêtré. Un enfant qui très tôt devient mendiant se transforme à la majorité en sacrificateur de filles vierges au profit du gain facile pour finir aveugle, fou et broyé par un camion gros porteur.
Miss Littérature édition 2016 a accouché de Diadèmes ; un enfant audacieux et mûr avant l’âge.
Ganiath BELLO
Beau Travail ma chère
Merci beaucoup
Bel article. Merci pour ce partage.
Merci à toi aussi pour le temps consacré.
Merci chère Ganiath pour ce regard unique et exceptionnel et ce travail de critique. Je t’embrasse.
Merci.
Super cool!