Culture
Littérature au Bénin : Symphorien d’Almeida ne jure que par les livres d’occasion.
Si l’on ne fait pas attention, l’impression parfois qu’il fait partie du décor de l’Université d’Abomey-Calavi, tellement les années sont passées sans que ne passent les habitudes de ce sexagénaire, vendeur de livres d’occasion depuis trente-cinq (35) ans au Bénin.
Trente ans déjà qu’il occupe cet espace de la plus grande université publique du Bénin, l’Université d’Abomey-Calavi. Des promotions d’étudiants sont parties et elles peuvent conter qu’elles ont toujours vu cet homme au milieu de ses livres étalés à même le sol et par catégorie de prix allant souvent de 500-1.000 FCFA à 5.000 voire 10.000 ou 15.000 FCFA. Certains ouvrages présentent un aspect neuf pendant que d’autres vous donnent l’impression d’avoir vu et connu le soleil avant vous.
C’est cela l’univers de Symphorien d’Almeida, un polygame, marié à trois femmes et père de neuf (09) enfants.
L’échec à deux reprises au Baccalauréat, premier diplôme universitaire et le manque de moyens de ses tuteurs dans le temps, l’ont contraint à la vente d’abord de ses propres livres d’étude ensuite à l’appropriation de ce commerce d’œuvres de l’esprit, activité à laquelle il n’avait auparavant jamais songé.
Lorsque 35 ans après il évoque ce souvenir, malgré la certification que cette activité a nourri et continue de nourrir sa famille et lui, l’on ne peut s’empêcher de remarquer l’ombre de tristesse dans sa voix et son regard lorsqu’il évoque le souvenir de ses débuts.
Il jure que tous ses enfants (fille comme garçon) ne subiront la souffrance dont il a été victime. L’exigence pour lui en tant que père, est d’assurer l’avenir de sa progéniture ; autrement, investir dans l’éducation quoiqu’il arrive, financer leurs cursus universitaire afin de réussir là où il a échoué du fait de la précarité. « Ce qui m’est arrivé, je ne voulais pas que ça arrive à mes enfants » affirme-t-il, la tête légèrement incliné vers le bas et les mains touchant les livres sur la table.
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