Un an aujourd’hui que je n’ai pas touché au sexe. Que lui non plus ne m’a touché. Une autre forme de jeûne pour me purifier et ramener à moi les bonnes ondes. En effet, ma vie ne porte pas le reflet de mes rêves et espérances. Pourtant, je suis jeune, belle, célibataire avec un travail bien récompensé. Pour contrecarrer les jours de tentation où la chair crie au plaisir et à la fornication, j’ai entamé par semaine deux jours entiers de privation. Je ne mange pas, je ne me désaltère pas, je m’éloigne d’internet, de la télévision et des bavardages. Pour seuls compagnons, les versets bibliques et l’étude de la parole de DIEU.
Dans mon cercle d’amies, pendant que certaines m’encouragent, d’autres attendent de voir où tout cela allait finir et les plus incrédules me répètent sans cesse : « Ma chérie, tu joues à un jeu très dangereux. Tu ne peux pas nourrir le lion à l’herbe ! Il te transformera en petit-déjeuner. » J’ai alors pris le soin de m’éloigner de ces deux dernières catégories d’amies estimant que le diable habite en elles.
Illusion ! Elles sont devenues des anges quand le diable en personne s’est installé à deux pas de la maison. Sa carrure brille du feu et l’éclat de ses yeux expédie des fléchettes pointées directement sur mon cœur et mon âme. Son sourire peut mettre fin à une guerre de sang. Ses enjambées ont quelque chose de Usain Bolt. Il s’habille chic et les effluves de son eau de toilette tournent la tête à toutes les dames du quartier. Pendant que les femmes mariées le veulent pour amant, les conjoints le voient en prédateur. Et je suis parfaitement de l’avis de ceux-ci.
C’est pourquoi j’ai intensifié mes jeûnes et prières. Au lieu de deux jours, je me prive de tout pendant trois jours et m’enferme dans la chambre constamment. A tel point que mes parents ont commencé par s’inquiéter. Quand ils me posent la question, je réponds simplement que Dieu éprouve ses enfants les plus aimés. Etant tous deux pasteurs d’église, ils hochent fièrement la tête et parfois, font un jour ou deux le jeûne avec moi. Autre mesure prise, je quitte le quartier tôt et rentre encore plus tôt pour ne pas avoir à le croiser ce maitre de la tentation. Je lui trouve d’ailleurs tous les défauts du monde passant du play-boy au don juan sans oublier le prostitué de luxe et le mécréant…
Samedi matin. Avant que s’évaporent les dernières gouttes de rosées tombées sur les fleurs du jardin. Je noue mon pagne autour de ma poitrine et j’entreprends de balayer la devanture de la maison histoire de soulager un peu notre ‘’tata’’. Le quartier dormait encore, heureux de confier aux draps les abysses de la semaine.
Jambes alignées, buste parallèle au sol, balai en main, je ressens non loin de moi ce parfum du diable.
Paniquée à l’extrême, la seule phrase qui me vient à l’esprit, c’est :
– 1 Pierre 5 : 8 « Soyez sobres, restez vigilants ; votre adversaire, le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer »
Je répète sans cesse ce verset comme une arme incontournable contre le diable, le beau mec. Je le répète à tel point qu’il devient comme une chanson, une arme de combat. Je saute, je tape des mains, je gesticule, je crie, je ris et continue de répéter la chanson-verset le cœur battant. Comme un pasteur en transe découvrant dans sa paroisse le diable, l’outrecuidant venir le confronter.
A un moment, le beau mec se rapproche de moi et dit à son tour :
– « Heureux l’homme qui tient bon face à la tentation, car, après avoir fait ses preuves, il recevra la couronne de la vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment ». Jacques 1 verset 12. Il continue, sourire aguicheur.
– Bonjour Prisca,
Il s’abaisse ensuite, ramasse quelque chose par terre, se relève, me la donne et dit :
– Bonjour Prisca, tu es à découvert.
A ce moment précis, je ressens la légère brise du matin caresser mes tétons et mon ventre pour ensuite se loger entre mes cuisses… J’étais à poil.